Si vous accédez à la présidence de la République, quelles seront les mesures prises pour accélérer la transition énergétique ?
Yannick Jadot : Mon projet repose sur un triptyque : sobriété, sortie des énergies fossiles et nucléaire et développement des énergies renouvelables. Pour reprendre le contrôle sur nos politiques énergétiques, une France écologiste portera la suspension urgente des règles de concurrence sur le marché de l’électricité pour revenir à des tarifs réglementés. EDF sera renationalisée et deviendra un outil puissant au service de la transition énergétique. Plus généralement, la puissance publique devra veiller à une action plus incitative, mais aussi plus simple : raccourcir les délais, faciliter les procédures, permettre le déploiement plus rapide des renouvelables.
Nous voulons que 15 % des Françaises et des Français puissent devenir coopérateurs d’un projet d’énergie citoyenne d’ici 2027, en soutenant les ménages modestes dans la souscriptions de parts. Nous relancerons la démarche des Territoires à Énergie positive (TEPOS) et simplifierons les plans climat-énergie territoriaux pour les collectivités afin qu’ils soient déployés sur tout le territoire.
Envisagez-vous de réformer la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) et quelles sont les ambitions, en termes de gigawatts, que vous fixeriez pour le solaire photovoltaïque en 2030 et 2050 ?
Sur le mandat, nous atteindrons l’objectif de production de 70 TWh par 12 000 éoliennes terrestres et en mer, et au minimum 25 GW de puissance installée en plus de photovoltaïque, – soit environ 340 km² sur toiture et par ombrières sur parking, grâce à l’extension de l’obligation de réaliser des dispositifs de production d’énergies renouvelables aux bâtiments industriels, commerciaux et parking existants.
Notre projet s’inscrit dans la trajectoire des scénarios M1 et M23 de RTE, qui prévoient un développement très important de la filière photovoltaïque – le scénario M23 allant jusqu’à 214 GW de puissance installée en photovoltaïque d’ici 2050. Pour notre trajectoire, la puissance installée totale doit être au minimum multipliée par 12 d’ici 2050, certainement plus proche d’une multiplication par 20.
La relocalisation en France de l’industrie de fabrication des composants photovoltaïques (panneaux solaires, onduleurs, câbles) est un enjeu majeur de la souveraineté énergétique de la France. Envisagez-vous de mettre en place des mesures incitatives pour attirer les investisseurs et industriels ?
Au niveau national, je propose un plan d’investissement public de 25 milliards d’euros supplémentaires par an dans les infrastructures de la transition, pour structurer les filières d’avenir et renforcer la recherche, ainsi que la création d’un “Fonds industrie” de 2,5 milliards par an, co-piloté par l’Etat et les conseils régionaux pour soutenir l’installation ou la relocalisation des industries nécessaires à la transition. Nous accélérerons aussi par des leviers fiscaux et incitatifs la réorientation des investissements privés vers les secteurs favorables au climat et conditionnerons les marchés publics et les aides en direction des entreprises à des critères environnementaux, sociaux et d’égalité femmes/hommes. Nous déclinerons ce plan filière par filière afin de tenir compte de leurs enjeux spécifiques.
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