INES Solaire est initiée en 2005 par le conseil départemental de la Savoie et la région Rhône-Alpes et regroupe les équipes du CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies) et de l’Université Savoie Mont Blanc. Sa plateforme formation et évaluation, l’INES PFE, est créée au même moment afin de diffuser l’innovation produite par les équipes du centre et de produire les formations nécessaires au développement d’une filière dynamique. Elle possède également une activité d’expertise terrain qui propose des accompagnements à la maîtrise d’ouvrage et des audits d’installation.
Aujourd’hui, la croissance attendue de la filière solaire en France pose la question de la formation des spécialistes de demain. pv magazine s’est entretenu avec Hervé Druon, directeur d’INES PFE, pour évoquer les enjeux de la formation solaire en France et la manière dont elle peut intégrer les innovations d’un secteur en développement rapide.
Formation solaire : créer un effet de levier
A date, la partie formation représente la principale activité de l’INES PFE et près d’un tiers de son chiffre d’affaires en France. L’offre actuelle propose à la fois de la formation continue professionnelle et des modules d’études allant de la conception à l’installation. « Nous opérons la plupart des formations sur notre site du Bourget-du-Lac en Savoie en mettant un accent fort sur la pratique et la visite d’installations », explique Hervé Druon. Et pour cause : les professionnels en devenir ou en reconversion doivent comprendre et se familiariser avec le fonctionnement spécifique d’une installation solaire, que ce soit sur la maîtrise d’ouvrage, sur la partie électrique ou sur l’exploitation et la maintenance de site.
En parallèle de ses activités de formation et d’expertise, l’INES PFE participe aussi à « la montée en compétence solaire » de pays ou de structures dans le cadre de programmes européens et internationaux. Ces accompagnements permettent localement d’initier des projets et de favoriser un écosystème d’acteurs compétents pour développer la filière solaire. Ce type de programme se déploie de plus en plus en Afrique subsaharienne, dans le Pacifique et, progressivement aussi, en Amérique du sud où INES PFE est en développement. « L’idée est de former des techniciens, des installateurs et des formateurs pour créer un effet de levier », explique Hervé Druon.
Soutenir la croissance attendue du solaire
En France, il constate une demande croissante en formation dans le secteur du solaire. Une tendance qui devrait se confirmer et s’accélérer dans les prochaines années. « La PPE porte l’élan de la filière avec beaucoup d’ambition, notamment dans le développement d’installations photovoltaïques conséquentes » explique-t-il. Ambitieux mais volontaires (notamment en raison de la crise actuelle sur les matériaux), il rappelle que les objectifs fixés par la dernière programmation visent à atteindre les 20 GW de solaire en 2023 et les 35 à 40 GW en 2028. Emmanuel Macron annonçait d’ailleurs en février dernier que la France devrait atteindre un parc solaire de quelque 100 GW d’ici 2050. Pour assurer une telle croissance, l’industrie devra aussi et surtout pouvoir compter sur suffisamment de personnes compétentes.
Selon le SER, les emplois dans le solaire en France pourraient passer de 17 700 en 2020 (date de l’étude) à 24 900 en 2028. Et ce chiffre pourrait largement être dépassé avec les récents objectifs annoncés. « Cela fait 10 000 personnes à trouver et à former en moins de dix ans », résume Hervé Druon. Il précise d’ailleurs à ce sujet que, si la reconversion professionnelle vers le photovoltaïque est possible et stratégique, elle suppose toutefois un processus long demandant à être soutenu.
Intégrer les futurs cas d’usage et penser la montée en compétence
« En plus de la formation sur les projets traditionnels comme les centrales en toiture, nous regardons les futurs cas d’usage de la filière solaire au côté du CEA », explique Hervé Druon. Les nouvelles solutions passées sous la loupe visent notamment les centrales à grande échelle en haute tension et le solaire flottant – pour laquelle INES a lancé une formation dédiée qui a débuté en février. Pour d’autres zones comme l’Afrique subsaharienne, il est aussi question des mini-réseaux solaires. A toutes les échelles et dans toutes les régions, la conception et le dimensionnement de systèmes solaires restent deux autres prérogatives pour la filière.
Hervé Druon a confié à pv magazine que la plateforme s’intéresser également à l’agrivoltaïsme pour développer des formations capable d’intégrer des cas concrets, un cadre de déploiement efficace et un enrichissement professionnel attractif. Des formations hybrides (en ligne et en présentiel) sont aussi en développement – bien que la plupart des programmes bénéficient déjà de la plateforme numérique qui inclue notamment du e-learning pour valider les prérequis.
Selon Hervé Druon, « il y a un véritable effort à fournir sur la montée en compétence ». En effet, les plans de soutien, bien qu’existants, doivent encore se renforcer sur l’ingénierie de formation. Côté entreprises, il s’agira de stimuler des investissements conséquents dans la formation d’équipes. Et ce dernier point soulève deux problématiques : d’une part car la moitié des entreprises de pose sont des PME de moins de cinq personnes avec une capacité d’investissement limité et d’autre part car les grands groupes, qui possèdent la manne financière nécessaire, passent principalement par des sous-traitants pour construire leurs installations.
Sans virage solaire défini concrètement dans la stratégie des géants français de l’énergie, ces derniers restent ainsi en marge du développement de l’écosystème. « A terme et rapidement, il leur faudra tout de même former les développeurs, les concepteurs et les autres métiers à haute valeur ajoutée », souligne toutefois Hervé Druon.
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