Si empiriquement, une influence bénéfique de l’agrivoltaïsme a été constatée en période climatique extrême (gel, sécheresse) du fait de l’effet protecteur des panneaux solaires, très peu d’études ont été conduites pour caractériser, scientifiquement et dans la durée, l’impact de la présence des panneaux sur les prairies.
C’est pourquoi Photosol, JPee et l’INRAE se sont associés depuis l’été 2020 afin d’analyser précisément les impacts des panneaux photovoltaïques des centrales au sol sur la pousse de l’herbe. Deux sites ont été mis à disposition de l’INRAE pour mener cette analyse rigoureuse de l’influence des panneaux solaires sur la prairie. Situés à Braize (03) et à Marmanhac (Cantal), ils présentent des conditions climatiques différentes et permettent de disposer de résultats représentatifs d’environnements variés. Pour cela, des capteurs de température et d’humidité pour l’air et le sol ont été installés, ainsi que des capteurs de rayonnement et une mini-station météo qui mesure les précipitations, la vitesse et la direction du vent. Les analyses sont menées sous les panneaux, dans les allées, ainsi que dans des zones témoins, hors de l’influence des panneaux solaires. Les chercheurs analysent l’humidité du sol, la hauteur de pousse de l’herbe, ainsi que la qualité du fourrage.
Après une première année d’étude, sous panneaux, l’INRAE a observé un maintien de production cumulée de biomasse, avec un étalement de la ressource fourragère sur l’année. « A l’été 2020, en moyenne sous les panneaux, nous avons observé que la pousse de l’herbe est de 125 % à 200 % supérieure à celle en pleine lumière. L’indice de végétation est aussi plus élevée, c’est-à-dire que l’herbe reste plus verte plus longtemps », note Catherine Picon-Cochard, directive de l’unité recherche sur l’écosystème prairial de l’INRAE. Cela est lié au fait que sous les panneaux, l’humidité est de 28 % supérieure à celle entre les panneaux et la température de 4 à 6 °C inférieure.
Hervé Le Flèche, éleveur à Braize (03), qui bénéficie de la gratuité de l’utilisation du parc photovoltaïque en échange de son entretien par son cheptel de 200 brebis, l’a également constaté sur le terrain. Selon lui, le principal avantage est qu’en dépit des périodes de sécheresse, l’herbe n’est pas brûlée sous les panneaux. D’autre part, au printemps, elle pousse plus tôt sous les panneaux qu’entre les panneaux. Alors que le changement climatique modifie les calendriers fourragers, cette meilleure productivité estivale, en particulier en période de sécheresse, et un plus large étalement de la production sur l’année, peuvent être un atout pour les éleveurs.
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Est-il possible d’avoir des précisions sur cette étude ?
Quelle était la configuration des panneaux ( taux de recouvrement, pente, largeur …) ?
Des tests ont-ils été faits avec plusieurs configuration ?
Bonjour,
cet article a suscité beaucoup d’intérêt et vous avez été nombreux à nous demander si une étude plus poussée sera prochainement publiée. L’INRAE a donc été contacté à ce sujet.
En attendant, voici un lien vers la vidéo de présentation du projet qui donne quelques éléments de réponse : https://www.youtube.com/watch?v=F_BZXs12JF0
Cordialement,
Gwénaëlle Deboutte
Je ne connais pas pour l’instant de document plus complet sur le sujet que celui de l’Idele : https://www.inn-ovin.fr/wp-content/uploads/2021/10/Lagrovoltaisme-applique-a-lelevage-des-ruminants.pdf
Le cas par cas reste pour l’instant de mise, et les aménagements nécessaires à une véritable exploitation agricole (et non quelques brebis-tondeuses) sont importants à garder en tête.
Au delà de cette étude de l’INRAe donc, l’AFNOR a publié une proposition de label “agrivoltaïsme” pour cadrer ces pratiques.