« La France figure parmi les précurseurs de la transition énergétique au niveau mondial et est communément perçue comme l’un des chefs de file de la transition énergétique par la communauté internationale », note l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans son examen de la politique énergétique française, publié le 30 novembre. Pour autant pour l’organisation, le gouvernement français n’a pas vraiment de quoi se réjouir, ni se reposer sur ses lauriers. « La France est en retard sur ses objectifs de transition énergétique, bien que d’importantes réformes soient en cours », a ainsi épinglé le directeur de l’AIE Fatih Birol, lors d’une conférence de presse conjointe avec la ministre de la transition écologique Barbara Pompili.
Les objectifs de 2020 non atteints
« En dépit des progrès louables qu’elle a réalisés pour renforcer son cadre d’action en faveur de la transition énergétique, la France pourrait progresser plus rapidement pour sa mise en œuvre. Ainsi, le pays n’a pas atteint ses objectifs de 2020 relatifs à l’efficacité énergétique et aux énergies renouvelables, souligne de son côté l’étude exhaustive. Par ailleurs, les objectifs d’émissions à l’horizon 2030, qui ont été fixés en 2015, n’ont pas été modifiés ; le deuxième budget carbone a quant à lui été revu à la hausse en 2020, abaissant de fait le niveau d’efforts à consentir d’ici à 2023 ».
Du fait du nucléaire, qui représentait 71 % de son mix électrique en 2019, « la production française d’électricité a généré des émissions de CO2 relativement faibles par rapport aux économies semblables, poursuit le rapport. Cependant, le parc nucléaire français vieillit et le niveau total d’émissions augmente car la consommation d’énergie reste dominée par les combustibles fossiles dans l’ensemble des secteurs de l’économie, en particulier celui des transports ». La France consomme actuellement 145 millions de tonnes équivalent pétrole tous les ans, c’est davantage que l’objectif de 130 millions qui avait été fixé pour 2020, et de 121 millions prévus en 2030.
« Pour faire en sorte que la production d’électricité bas carbone reste le fondement de la décarbonation et de l’électrification, la France devra prendre les mesures nécessaires pour l’avenir de son mix électrique et pour l’accélération des investissements », conseille par conséquent l’AIE. Au cours de la décennie passée, les énergies éolienne et solaire photovoltaïque ont progressé, portant la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité de 14% à 23% entre 2010 et 2020. L’hydroélectricité représente la moitié de l’électricité renouvelable produite en France.
Doubler les capacités solaires en seulement trois ans
Mais le pays, qui ambitionnait de porter à 23 % la part des énergies renouvelables dans la consommation finale brute d’énergie en 2020, n’a atteint seulement 17,2 % en 2019 et 19,1 % en 2020. Pour l’AIE, cet écart s’explique principalement par le manque de moyens humains et la longueur des procédures administratives, que des réformes, inscrites dans la loi pour un État au service d’une société de confiance (ESSOC), la loi relative à la croissance et à la transformation des entreprises (loi PACTE) et la loi d’accélération et de simplification de l’action publique (ASAP), visent à raccourcir et rationnaliser. Ces initiatives devraient produire leurs effets dans les années à venir.
« L’écart à combler pour parvenir aux objectifs fixés par la PPE à l’horizon 2023 est conséquent : la France devrait en effet faire progresser la puissance de son parc éolien de 6,4 GW (soit 40% de sa puissance installée à ce jour) et presque multiplier par deux la puissance de ses installations solaires PV en seulement trois ans », tranche le texte. « La France a un travail considérable devant elle sur la route du net zéro », a rappelé Fatih Birol. L’IEA demande donc à la France, parmi ses recommandations :
- de veiller à la constance de ses politiques et d’éviter tout signal contradictoire venant accroître l’incertitude, le risque et le coût des investissements
- de se fondant sur l’approche des budgets verts, veiller à ce que la fiscalité, les dépenses publiques et la réglementation tiennent davantage compte des objectifs climatiques de manière à renforcer le rapport coût-efficacité de la transition énergétique
- de clarifier les ambitions relatives à la fermeture et à l’exploitation à long terme des réacteurs nucléaires existants ou à venir en France, ainsi que leurs mécanismes de financement de manière à atténuer les incertitudes qui entourent la progression vers la neutralité carbone et œuvrer pour un mix électrique abordable, durable et sûr.
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