Après le temps des experts vient celui des politiques. Suite à la publication lundi 25 octobre du rapport « Futurs énergétiques 2050 » de RTE (Réseau de transport d’électricité) qui présente les six scenarii possibles du futur mix énergétique de la France pour aboutir à la neutralité carbone dans moins de 30 ans, la ministre de la transition écologique Barbara Pompili est revenue sur les principaux enseignements de cette publication de plus de 600 pages. « Ce rapport permet de secouer les certitudes des uns et des autres et de sortir des dogmes pour apporter une base très saine au débat », a-t-elle souligné lors d’une conférence de presse. Elle a également cité les travaux « sérieux et intéressants » réalisés par Negawatt* « qui posent un certain nombre de sujets à mettre sur la table ».
Vers une accélération du calendrier
Et maintenant ? « RTE nous dit que l’on n’a plus le temps d’attendre et qu’il faut faire évoluer notre système électrique dès maintenant pour engager la bonne trajectoire, a-t-elle poursuivi. De fait, le Président de la République, qui s’était engagé à étudier le rapport de RTE pour avoir une vision globale des différents chemins possibles, s’exprimera avant la fin de l’année pour donner ses préférences sur le futur énergétique de la France ». Une accélération du calendrier puisque le gouvernement a toujours dit qu’il voulait attendre la mise en service de l’EPR de Flamanville (Manche), avant de décider s’il lançait la construction de six autres EPR.
Il ne s’agira cependant pas d’une décision dans le dur. « C’est un processus de décision très long, qui nécessite des débats ouverts, et l’orientation n’aboutira pas avant le quinquennat suivant », a-t-elle assuré, tandis que Emmanuel Macron n’a jamais caché sa préférence pour le nucléaire. Elle a par conséquent indiqué que la campagne présidentielle sera également le moment idéal pour discuter de la manière de mettre en œuvre les différents scénarios. « Je me réjouis également du fait que la future Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) sera débattue au Parlement », a salué la ministre.
Elle a rappelé que l’ensemble des paramètres seront à prendre en compte. Au niveau financier, les différents chiffres avancés par RTE font état de coûts d’investissements de 20 à 25 Mrds€/an et de coûts complets de 60 à 80 Mrds€ par an en fonction des différentes trajectoires. « La bonne nouvelle du rapport est que, quel que soit le scénario choisi, la sécurité d’approvisionnement est assurée et que le coût de la production d’électricité va finalement peu augmenter, de l’ordre de 15 %, ce qui sera largement compensé par la fin des coûts d’achat des carburants fossiles (essence, fioul) par nos concitoyens. La facture sera donc à peu près la même qu’aujourd’hui ».
La ministre estime également qu’à l’exception des deux trajectoires les plus extrêmes, à savoir le 100 % EnR (M0) et le 50 % nucléaire (N03), « toutes les options sont compatibles avec notre calendrier de fermeture progressive des réacteurs pour assurer le lissage de la production d’électricité et éviter l’effet falaise [à savoir la fermeture de toutes les centrales en même temps] », s’est satisfaite la ministre.
C’est d’ailleurs ce qui a poussé le candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot (Europe Ecologie les Verts) à critiquer le rapport de RTE, commandé par le gouvernement, en dénonçant « une présentation partielle et donc partiale », qui « valide la position déjà choisie par le chef de l’Etat », à savoir l’annonce d’un investissement d’un milliard d’euros dans l’énergie nucléaire, la potentielle construction de six nouveaux EPR, ainsi que le développement de petits réacteurs SMR.
Verre à moitié vide ou verre à moitié plein ?
De son côté, le Syndicat des énergies renouvelables, par la voix de son président Jean-Louis Bal, a préféré saluer le fait que dans tous les cas, les énergies renouvelables et donc le photovoltaïque, deviendront un incontournable du mix électrique. « Si l’on veut atteindre la neutralité carbone en 2050, les énergies renouvelables doivent devenir le socle du système énergétique français. Autrement dit, la production d’électricité doit être assurée au moins à 50 % par les énergies renouvelables, sans quoi nous ne pourrons pas sortir des énergies fossiles dans les délais imposés par l’urgence climatique. Nous voyons également que les scénarios de réindustrialisation de la France montrent qu’il faudra beaucoup plus d’électricité renouvelables », a-t-il indiqué dans une courte vidéo.
Ainsi, selon les six options présentées par RTE, sur la période 2020-2050, le développement de l’énergie photovoltaïque devra être de 6,8 GW par an dans le scénario le plus favorable aux renouvelables (M0) et de 2 GW/an dans le scénario le plus bas (le N03, qui prévoit la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, qui représenteront 50 % de la consommation électrique).
* Sur lesquels pv magazine France reviendra très prochainement.
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