D’après pv magazine USA
L’Association américaine de l’industrie de l’énergie solaire (Solar Energy Industries Association, SEIA) a lancé en décembre 2020 une campagne contre le travail forcé et a annoncé le développement d’un protocole de traçabilité sur la chaîne d’approvisionnement des matières premières utilisées pour produire des modules solaires. Elle a ainsi déclaré qu’elle « encourageait fortement » ses adhérents à se détourner des produits originaires de la région du Xinjiang en Chine. Dans une interview accordée à pv magazine USA, la présidente et PDG de SEIA, Abigail Ross Hopper, a annoncé que les entreprises avaient pour objectif de réajuster leurs chaînes d’approvisionnement d’ici à juin.
La production mondiale de plaquettes solaires est presque entièrement entre les mains des Chinois, mais la plupart du temps n’est pas située au Xinjiang (à l’exception notable d’un grand fabricant verticalement intégré). L’une des hypothèses est donc que les fabricants de wafers, qui se fournissent généralement en polysilicium de différents fournisseurs, excluront les matières premières du Xinjiang afin de proposer des wafers « sans Xinjiang ». Ceux-ci pourront ensuite être utilisés pour les cellules solaires et les modules destinés à l’exportation vers les États-Unis. Les clients européens pourraient également exiger également des produits qui n’ont pas été extraits par des travailleurs forcés. Les prestataires de services, tels que Clean Energy Associates, effectueront des audits de la chaîne d’approvisionnement qui garantiront les preuves nécessaires à la douane.
En termes de volumes, cette évolution de la production de plaquettes pourrait ne pas poser de défi majeur : les installations photovoltaïques aux États-Unis et en Europe représentaient ensemble environ 30 % du marché mondial en 2020.
En revanche, environ 45 % de la production mondiale de silicium polycristallin de qualité solaire provenait en 2020 des quatre fabricants du Xinjiang : Daqo, Xinte, Xinjiang GCL et East Hope. Il reste donc 55 % de silicium produit hors du Xinjiang (35 % dans d’autres régions chinoises et 20 % hors de Chine), ce qui est suffisant pour approvisionner les marchés photovoltaïques aux États-Unis et en Europe. Toutefois, si tous les développeurs de projets internationaux s’intégraient à cette démarche, la chaîne d’approvisionnement photovoltaïque pourrait connaître des frictions importantes.
La capacité de production européenne trop modeste
Michael Parr, directeur exécutif de la Western Ultra Low-Carbon Solar Alliance, a suggéré que les capacités de production excédentaires de silicium polycristallin aux États-Unis et en Europe pourraient venir en complément, mais leur contribution reste trop faible. On compte ainsi une installation de 1 600 tonnes en Allemagne et aux Etats-Unis, deux usines de 40 000 tonnes sont en projet. C’est encore une goutte d’eau comparée à la capacité de 330 000 tonnes que les quatre acteurs du Xinjiang visent à atteindre d’ici la fin de cette année.
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