De pv magazine global
Un projet de stockage d’énergie par gravité au Soudan a notamment été examiné lors de ce récent webinaire qui, organisé par Solarpower Europe et GET.invest, faisait le point sur le potentiel du solaire pour favoriser l’accès à l’électricité en Afrique subsaharienne.
Ali Yasir, de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena), a pour sa part étudié le rôle du solaire pour répondre à l’objectif de développement durable des Nations unies en matière d’accès universel à l’énergie, en particulier par son déploiement dans des contextes de crises humanitaires et sanitaires.
L’électrification ne progressant pas assez vite par rapport à l’ambition des Nations unies – à savoir, permettre un accès universel à l’énergie d’ici 2030 –, le solaire pourrait offrir une solution rapide, selon Ali Yasir, notamment s’il est installé à l’aide de modèles commerciaux innovants. « Les technologies d’énergie renouvelable hors réseau représentent un outil rentable, durable, et rapidement déployable pour accélérer l’électrification. »
Santé
L’Irena travaille également avec la Commission de l’Union africaine pour électrifier les établissements de santé du continent dans un contexte Covid-19.
D’après Ali Yasir, l’Irena souhaite apporter une énergie propre et abordable aux établissements de santé situés dans les régions rurales du Burkina Faso. Une analyse des lacunes et une évaluation de 50 à 60 sites de ce type, qui serviront de modèle pour un déploiement plus large, devraient être achevées le mois prochain.
L’organisation a également déployé des kits d’éclairage solaire, des pompes à eau, des mini-réseaux et des dispositifs d’énergies renouvelables connectés au réseau pour fournir de l’électricité aux réfugiés, en partenariat avec le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
PAYG pour les camps de réfugiés
L’Irena estime que 90 % des plus de 70 millions de personnes déplacées dans le monde n’ont pas accès à l’électricité. Une solution consiste à louer des systèmes solaires domestiques sur une base de Pay As You Go (PAYG) au HCR pour une utilisation dans les camps de réfugiés.
Javier Ortiz, conseiller technique pour GET.invest – un programme soutenu par l’UE et les gouvernements allemand, suédois, néerlandais et autrichien – donne des détails autour de deux projets où l’organisme européen a pu aider les plans locaux à démarrer. L’un des projets, qui bénéficiera de l’aide du « catalyseur financier » de GET.invest, met en relation les entreprises avec les investisseurs. Il s’agit du projet d’irrigation de 36 millions d’€ du groupe Haggar qui, au Soudan, associera une capacité de production solaire de 20 MW et un stockage d’énergie par gravité de 40 MWh.
En raison de la nature très risquée des investissements soudanais, GET.invest a fait appel à son réseau d’investisseurs et persuadé les parties prenantes locales de se rallier au système d’irrigation prévu par l’entreprise agroalimentaire GLB Farm, à 100 km au nord de Khartoum. Le projet implique le groupe Haggar, la société néerlandaise Photon Energy et la société suisse de stockage par gravité Energy Vault SA.
Rupesh Hindocha, directeur général de Premier Solar Group, une entreprise basée à Nairobi, souligne également le rôle clé du stockage pour favoriser l’adoption du solaire. « Alors que Hagger utilise la gravité, nous utilisons le lithium, et d’autres acteurs utilisent des sels fondus. C’est un moment décisif pour que la production sur site soit réellement étendue à toute l’Afrique subsaharienne. »
GET.invest a également aidé le fournisseur camerounais d’énergies renouvelables hors réseau Upowa à intensifier la distribution de kits solaires PAYG dans le cadre d’un projet de 14,72 millions d’€ sur son marché intérieur, en identifiant des sources de financement et de subventions, dont un prêt de 3 millions d’€ de l’Electrification Financing Initiative financée par l’UE.
Bancarisation
Javier Ortiz avertit que la route vers la bancarisation de tels projets est longue et peut prendre jusqu’à deux ans.
En ce qui concerne les défis posés par le solaire hors réseau, Rolake Rosiji, ancien directeur national de M-Kopa à Nairobi, déclare qu’il était essentiel de sensibiliser les gens à la fiabilité de cette technologie. M-Kopa distribue des produits solaires moyennant un acompte d’environ 15%. Les clients paient ensuite une redevance quotidienne pendant un an jusqu’à ce que l’unité soit réglée. Rolake Rosiji, assure que la société avait obtenu le soutien de la Banque mondiale, du gouvernement britannique et de l’Agence d’électrification rurale du Nigeria.
Décalages
Alors que le solaire commercial et industriel fait des progrès, des obstacles subsistent, comme le manque d’accès au financement, le décalage entre les horizons commerciaux de 3 à 5 ans des entreprises, et la durée de vie de 20 à 25 ans des projets solaires, souligne Laetitia Dubois, responsable du développement commercial en Afrique pour la société française Akuo Energy.
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