Le baromètre des ENR électriques 2020 d’Observ’ER confirme le décrochage du photovoltaïque par rapport aux objectifs

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Selon le 11e baromètre des renouvelables électriques d’Observ’ER, quelque 2 800 MW de puissance électrique renouvelable ont été raccordées en 2020, contre 2 745 MW en 2019, permettant d’atteindre environ (les chiffre précis sont à fin septembre et il s’agit d’une projection) 57 700 MW de capacité renouvelable électrique à fin 2020. Le document signale que 89% des nouvelles puissances installées proviennent du solaire et de l’éolien. Néanmoins, comme les années précédentes, le baromètre fait apparaître un « décrochage » en termes de photovoltaïque, notamment depuis la publication de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), dont les objectifs sont ambitieux, rappelle le document.

Comme le souligne Frédéric Tuillé, responsable des études chez Observ’ER, « nous sommes autour de 1 GWc par an, alors qu’il faudrait 2,5 GWc à 3 GWc par an » pour atteindre l’objectif fixé par la PPE. Plusieurs causes, notamment « un problème d’acceptabilité sur les grandes installations et, parfois, des services déconcentrés de l’Etat qui freinent les projets » Mais aussi, « sur l’autoconsommation, même si elle se développe, c’est à un rythme plus faible que chez nos voisins (…) et on reste très loin du potentiel français ».

Ainsi, si la capacité PV a passé la barre des 10 GW à fin septembre 2020, avec 10 596 MWc raccordés, et une production (2019) de 11 356 TWh) ; l’objectif à fin 2023 (échéance de la première période de la PPE) est de 20,1 GWc et à fin 2028, compris entre 35,1 GWc et 44 GWc. La croissance enregistrée à fin septembre 2020 (+ 692 MWc) est proche de celle enregistrée en 2019 sur la même période (+ 701 MWc), montrant la résilience du secteur en pleine crise sanitaire. Cependant, c’est loin d’être suffisant pour atteindre les objectifs 2023 et encore moins 2028. Et tripler la capacité installée par année constitue une « gageure », indique le rapport rappelant que la seule fois où plus de 1 GW a été installé était en 2011 (1,8 GWc).

Des secteurs aux évolutions variables

Au-delà de la croissance de la filière dans son ensemble, les dynamiques des différents segments sont intéressantes à observer. « La belle dynamique des installations de 100 à 250 kWc observée en 2018 et 2019 (100 MWc par an en moyenne) ne s’est pas poursuivie, puisque seuls 28 MWc ont été raccordés au cours des deux premiers trimestres de 2020. Ce segment est caractérisé par un fort taux d’abandon des projets sélectionnés (autour de 30%, selon l’Observatoire de l’énergie solaire photovoltaïque).

Sur le segment du résidentiel (< 9 kWc), les premiers résultats de 2020 restent dans le même rythme que ceux des années passées, c’est-à-dire une quarantaine de MWc supplémentaires au cours du premier semestre. En outre, l’analyse « plus fine des volumes et du nombre d’installations depuis 2017 montre une croissance plus forte du segment 1 à 3 kWc que de celui des installations comprises entre 6 à 9 kWc ».

Pour la tranche des grandes installations (plus de 250 kWc), 136 MWc de puissance ont été nouvellement raccordés depuis le 1er janvier 2020, portant le parc total de ce segment à 4 877 MWc. Les appels d’offres réguliers organisés par la Commission de régulation de l’énergie (CRE) continuent de développer la partie du marché qui offre les coûts de production au kWh les plus bas, signale le baromètre.

Les collectivités à la rescousse

C’est la région de Nouvelle-Aquitaine qui possède le plus grand nombre de mégawatts raccordés (2 607 MWc), suivie de l’Occitanie (2 146 MWc) et de Provence- Alpes-Côte d’Azur (1 418 MWc). Néanmoins, c’est l’Auvergne Rhône-Alpes qui compte le plus d’installations (78 066), suivie par l’Occitanie (68 364).

La FNCCR, dans un communiqué publié en parallèle du baromètre signale que « en 2020, les régions françaises ont poursuivi leur transition énergétique notamment dans la production électrique renouvelable. Les projets portés ou initiés par des acteurs locaux (professionnels, collectivités, syndicats d’énergie) continuent de se développer et quatre régions métropolitaines (Auvergne – Rhône-Alpes, Occitanie, Grand Est et Provence-Alpes Côte d’Azur) ont couvert plus de 35 % de leur consommation électrique par une production renouvelable locale. »

Et la fédération rappelle que « pour l’avenir, les régions disposent pratiquement toute d’une orientation définie dans leur Sraddet (Schéma régional d’aménagement et de développement durable du territoire, ndlr), désormais le schéma principal d’aménagement des territoires, énergies renouvelables comprises. »

Ainsi, indique Frédéric Tuillé, 8 Sraddet ont été approuvés, 2 sont en attente d’approbation par le préfet, 2 régions (Ile-De France et Corse) ont leur propre schéma et une région, Pays-de-Loire, n’a pas encore publié son projet. Ces schémas montrent « de belles ambitions dans le PV », avec (sans compter donc la région qui n’a pas publié son schéma et hors IDF et Corse, un objectif 2026 de 33 002 MWc et 2030 de 45 635 MWc, voire 122 282 MWc en 2050. Soit des objectifs quasiment équivalent, voire meilleurs que ceux de la PPE.

Mais, comme le soulignent Observ’ER et la FNCCR, « se pose la question des moyens dont ils (les territoires) disposent pour les atteindre. »

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