Après l’amendement sur les tarifs, « la suite se passera au tribunal », annonce Xavier Daval, président de SER-Soler

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Quel est votre état d’esprit au lendemain du vote de l’amendement par les députés, malgré les arguments avancés par la filière et le soutien des sénateurs ?

A un moment où une partie de l’économie de notre pays va mal, certains hauts fonctionnaires et politiques décident de casser ce qui marche, à savoir la filière solaire, par simple esprit de vengeance. Or, ce sont bien eux qui n’ont pas été capables de contrôler les tarifs d’achat à l’époque. Ils avaient été fixés à 600 euros le MWh, alors qu’au même moment, l’Allemagne les baissait à 550 euros du MWh pour un ensoleillement inférieur. Par la suite, ils ont échoué sur le moratoire en 2010 et maintenant, ils veulent se rattraper en s’attaquant et en mettant en danger toute une profession. C’est un véritable aveu de faiblesse de la part de l’Etat.

Fondateur de kiloWattsol, cabinet d’experts techniques indépendants pour le photovoltaïque, Xavier Daval est président de la Commission Solaire du Syndicat des énergies renouvelables (SER).

Photo : SER-SOLER

Quelles conséquences voyez-vous pour la filière solaire en 2021 ?

La ministre Barbara Pompili pourra sûrement s’enorgueillir d’avoir été la première ministre de la transition écologique à faire reculer le solaire en France. Cette année, près de 830 MWc de puissance ont été installés dans le pays, ce qui porte à plus de 10 GW la capacité totale en France. Mais aujourd’hui, avec les dépôts de bilan que nous redoutons, nous pourrions perdre jusqu’à 2 GW, sans compter que de nombreux projets qui auraient dû se faire sont aujourd’hui gelés en raison des incertitudes de financement.

Il ne faut pas non plus oublier tous les prestataires – maintenance, gardiennage, entretien des espaces verts – qui se sont développés autour de ces actifs. Enfin, quand il a fallu faire décoller la fusée et lancer la filière solaire à ses débuts, il fallait bien attirer les sociétés de capital-risque. Mais entre temps, ces investisseurs à haut risque ont cédé les parcs à des investisseurs dérisqués, des assurances, des fonds de pension et de retraite… et ce sont aussi eux qui vont payer les pots cassés. Personne au sein des cabinets du gouvernement n’a vraiment analysé les conséquences sur toute la chaîne de valeur. Car au final, ces faillites mais aussi le manque à gagner pour les banques et pour les impôts, ce sont les contribuables français qui vont les payer.

Quelles sont donc les options envisagées par le syndicat ?

Nous devons maintenant attendre les modalités qui seront fixées dans les décrets et nous demandons d’obtenir enfin une véritable étude d’impact. En particulier, d’où vient cette notion de « rentabilité excessive » qui n’a jamais été ni démontrée ni même quantifiée. Mais une chose est sûre : le rendez-vous suivant sera devant les tribunaux et le syndicat est prêt à jouer sa partition pour aider tous les adhérents à obtenir justice face à une administration qui ne respecte pas sa parole.

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