Une étude menée par l’Université du Sussex (UoS) au Royaume-Uni a révélé que les énergies renouvelables étaient jusqu’à sept fois plus efficaces pour réduire les émissions de carbone que l’énergie nucléaire. Le document conclut que le nucléaire ne peut plus être considéré comme une technologie énergétique à faible émission de CO2 efficace. Il suggère donc que les pays qui souhaitent réduire rapidement et à moindre coût leurs émissions devraient donner la priorité aux énergies renouvelables.
L’étude, publiée le 5 octobre dans Nature Energy, considère pour cela trois hypothèses. La première part du principe que plus un pays investit dans le nucléaire, plus ses émissions déclinent. Dans le deuxième scénario, plus un pays développe les renouvelables, plus ses émissions diminuent. Enfin dans la dernière, le nucléaire et les énergies renouvelables sont des options « mutuellement exclusives » qui tendent à se faire concurrence au niveau du mix énergétique. Ces hypothèses ont été testées sur 25 ans de données sur la production d’électricité et les émissions de 123 pays.
Résultat, l’étude de l’UoS a trouvé peu de corrélation entre la production d’électricité nucléaire et les émissions de CO2 par habitant, mais a observé un lien avec le PIB. Selon les chercheurs, les pays avec un PIB par habitant élevé ont observé une certaine réduction de leurs émissions grâce au nucléaire. Mais les régions avec un PIB inférieur ont vu leurs émissions de CO2 augmenter avec l’utilisation de cette source d’énergie.
Énergies renouvelables
A l’inverse, pour les énergies renouvelables, les données ont révélé une diminution des émissions de CO2 « pour toutes les périodes et tous les types de pays », sans lien significatif avec le PIB.
Or, les engagements politiques nationaux ont tendance à favoriser l’une ou l’autre option, note le groupe de l’UoS, ce qui signifie qu’une focalisation sur le nucléaire peut réduire le déploiement des énergies renouvelables et inversement.
« Cet article expose l’irrationalité de l’argumentation en faveur de l’investissement dans le nucléaire sur la base d’un argument « fourre-tout »», a déclaré Andy Stirling, professeur de politique scientifique et technologique à l’UoS. « Nos résultats démontrent non seulement que les investissements nucléaires ont tendance, dans le monde, à être moins efficaces que les investissements dans les énergies renouvelables dans la baisse des émissions de carbone, mais que les tensions entre ces deux stratégies peuvent freiner la prévention du changement climatique »
Pour autant, les auteurs de l’étude reconnaissent que leur rapport ne tenait compte que des émissions de carbone. Selon eux, des travaux futurs devraient intégrer des facteurs tels que le coût économique, la planification intégrée des ressources, la fiabilité, l’impact du cycle de vie, les risques, la gestion des déchets ainsi que les impacts écologiques, politiques et sécuritaires.
« Tandis que notre étude peut être considérée comme le point de départ d’une recherche approfondie sur le thème de l’énergie nucléaire, des énergies renouvelables et de la politique de choix d’une technologies sur une autre, elle n’est pas censée être un point final, écrivent les auteurs. Il n’est pas normal que les argumentations en faveur de telle ou de telle source énergétique soient restées si longtemps si peu documentées. Nous encourageons donc à combler cette lacune dans de futures recherches »
Recommandations
Mais, avant même d’examiner d’autres facteurs, les auteurs du rapport estiment que leurs conclusions sont suffisamment solides pour recommander aux pays qui espèrent réduire leurs émissions de se concentrer sur les énergies renouvelables plutôt que sur le nucléaire.
« Les preuves indiquent clairement que le nucléaire est la moins efficace des deux grandes stratégies de réduction des émissions de carbone. De plus, comme il a tendance à mal coexister avec les sources renouvelables, il faut s’interroger sur la sagesse de donner la priorité aux investissements dans ce domaine plutôt que dans les énergies renouvelables, déclare Benjamin K Sovacool, professeur de politique énergétique à l’UoS. Les pays prévoyant de nouveaux investissements massifs dans l’énergie nucléaire risquent en effet de supprimer les avantages climatiques importants provenant des énergies renouvelables ».
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Je suis français et ne possède pas du tout la langue de Shakespeare !
Par contre je travaille beaucoup sur la question des GES dans le nuke. On parle toujours du Carbone et rarement des autres GES, qui plombent tout autant notre atmosphère : N²O, Kr, SF6, etc…
Avez vous des références sur ces matières polluantes ?
Sinon, bravo pour vos recherches qui confirment ce que nous pensons très fort…Mais notre pays est dramatiquement “englué” dans l’atome. Merci encore