La filière photovoltaïque s’inscrit depuis maintenant quinze ans dans cette démarche de résilience économique et climatique : une fois installées, nos centrales produisent de l’énergie propre, de proximité, à un prix stable qui est devenu compétitif au fil du temps. Même en cette période particulière, le parc photovoltaïque installé en France fonctionne normalement, avec une disponibilité de plus de 99 %, et sans mettre en danger le personnel puisque seules quelques maintenances curatives exceptionnelles restent nécessaires.
Tout n’est cependant pas rose à court-terme : le Covid-19 a depuis le mois de janvier ralenti puis stoppé les approvisionnements en composants et, depuis la mise en place des mesures de confinement, la plupart des chantiers de construction de centrales photovoltaïques sont à l’arrêt. A ce titre, remercions et saluons l’écoute et la bienveillance de notre ministère de tutelle qui adapte les mécanismes de soutien, en appel d’offres et en guichet ouvert, pour tenir compte de ce contexte. En particulier, les projets soumis à des dates limites d’achèvement et de mise en service se sont vu octroyés des délais supplémentaires pour que ceux-ci puissent se réaliser avec retard sans pénalités ou perte de durée de contrat, une bouffée d’air frais qui permet d’envisager les prochains mois avec un peu moins d’angoisse… Il reste à définir des délais supplémentaires cohérents car la filière photovoltaïque souffre en fait depuis de nombreuses semaines, et l’écosystème industriel va mettre des mois à se réorganiser et à absorber l’afflux de demande qui va intervenir en sortie de confinement. Deux mois de confinement vont nécessairement se traduire par plus de deux mois de retard pour les projets !
Au-delà des projets engagés qu’il faut protéger, la filière doit éviter un trou d’air trop important en matière de développement, alors que nous sommes déjà en retard sur la trajectoire de la Programmation Pluriannuelle de l’Energie qui nécessite d’installer au moins 3 GW par an, à comparer aux 966 MW installés l’an dernier. Les projets en développement sont aujourd’hui ralentis ou bloqués : instruction des demandes d’autorisation d’urbanisme ralentie ou stoppée, instruction des demandes de raccordement par les gestionnaires de réseaux ralentie ou stoppée, conditions non réunies pour notarier des baux, études faune-flore reportées etc… En guichet ouvert, de nombreux projets qui devaient déposer leur demande complète de raccordement au 1er trimestre 2020 n’ont pas pu le faire. Le Gouvernement a démontré sa compréhension de notre activité en actant le gel du tarif d’achat photovoltaïque pour les installations de puissance inférieure à 100 kWc pour ce 2ème trimestre 2020 alors que celui-ci devait baisser de 5 %, c’est un soulagement !
En appel d’offres, de nombreux projets qui devaient être soumis à l’appel d’offres en juillet 2020 ne seront pas prêts. A ce sujet, nous avons une fois encore été entendus par le Gouvernement et un nouveau calendrier a été aménagé. Il n’en demeure pas moins que ces décalages créeront un trou d’air en 2020 chez les développeurs, dont beaucoup sont encore des PME. Des mécanismes de soutien aux entreprises ont plus généralement été proposés, avec le chômage partiel ou des prêts bancaires garantis par la BPI à 90 %. Reste à voir si leur mise en œuvre sera efficace et si les conditions d’octroi seront adaptées aux PME de notre filière. Les prêts garantis par la BPI semblent, à première vue, adaptés à des entreprises ayant une activité récurrente (restaurant, cinéma…), les développeurs en forte croissance de notre secteur cocheront-ils bien toutes les cases pour en bénéficier ?
Les entreprises de la filière, ce sont déjà des milliers d’emplois de résilience climatique aujourd’hui et plus encore les emplois de demain. Il faut donc les protéger tout autant que les autres secteurs. Et saisir l’opportunité de les rendre plus résilientes économiquement sur les achats de composants électroniques et de modules. Mais, comme pour les fruits et légumes, la fabrication locale de modules photovoltaïques, avec nos normes sociales et environnementales, a un coût, il faut accepter de payer l’électricité quelques euros supplémentaires pour réindustrialiser et sortir du dogme absolu du moins-disant voulu par une Commission Européenne qui s’entête à pousser les appels d’offres technologiquement neutres ou veut combattre les familles de projets dans les appels d’offre, alors que les appels d’offres français permettent à des projets plus petits, plus innovants et bien acceptés par les territoires de voir le jour.
Vianney de L’Estang
Président du pôle Économie, Financement et Nouveaux Marché de Commission Solaire du SER
Président de Smart Energies
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