Ombrea : des synergies entre l’agricole et le photovoltaïque sont possibles… dans certains cas de figure

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La première vendange de la parcelle de vignes de Rians, dans le Var, où a été installé le système d’ombrières mobiles d’Ombrea est achevée et les résultats sont concluants : « Avec notre solution, on a constaté une baisse d’un degré d’alcool sur la première récolte », déclare Julie Davico-Pahin, la cofondatrice et codirigeante de la société spécialisée dans les solutions d’ombrage pour protéger des cultures agricoles des aléas climatiques, tels que les températures extrêmes, la grêle ou le gel. Lors d’un entretien avec pv magazine, elle explique : « Avec changement du climat, la sécheresse et le soleil qui tape trop fort sur les vignes, les taux de sucre montent très vite dans les raisins et, par conséquent, le taux d’alcool augmente fortement dans le vin. On obtient alors par exemple des vins à 15° d’alcool ». Cet éclaircissement reflète le domaine de compétence d’Ombrea : l’agronomie. Julie Davico-Pahin insiste sur ce point lorsqu’on lui parle d’agrivoltaisme. Les solutions d’ombrage proposées peuvent tout à fait être associées à une production d’électricité solaire, c’est d’ailleurs une option que la société propose à ses clients, toutefois Julie Davico-Pahin ne veut pas mettre la production d’électricité et la production agricole sur le même plan.

Conflit d’usage

« Le cœur de notre activité est ce qui se passe au sol, et pas au-dessus », estime Julie Davico-Pahin. Pour Ombrea, une synergie est possible entre le photovoltaïque et l’agricole, à condition que ce soit des agronomes qui portent ce type de projet. Il y a plusieurs raisons à cela. D’une part, il ne suffit pas de mettre des panneaux photovoltaïques pour que les cultures poussent en dessous, rappelle la dirigeante d’Ombrea. « Quand on sait à quel point les végétaux sont sensibles à la moindre variation climatique, d’ombrage par exemple, il faut être extrêmement vigilant. On a vu l’écueil d’un grand nombre de projets, notamment des serres photovoltaïques dans le Sud-Est. » Sous ces serres, seuls des champignons pouvaient pousser par exemple, explique-t-elle.

D’autre part, un conflit d’usage peut être généré : les objectifs en termes de production d’énergie renouvelable de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) sont extrêmement ambitieux, et les énergéticiens font face à un problème de disponibilité foncière pour répondre à ces ambitions. « La France est un pays agricole, mais la précarité des agriculteurs est réelle. Si on rajoute de la spéculation foncière sur leurs terrains, cela complique encore leur situation. » Un détournement de terres agricoles serait mal perçu par les agriculteurs déjà méfiants vis-à-vis du photovoltaïque.

Ainsi, selon Ombrea, l’installation photovoltaïque permet avant tout, via l’injection de l’électricité sur le réseau et les tarifs d’achat, de financer leur outil et de permettre aux agriculteurs d’avoir un retour sur investissement plus rapide.

C’est ce qui a été fait près de Rians, sur la parcelle de 1000 m² où a été effectuée la première vendange — projet par ailleurs mené avec la Société du Canal de Provence et doublé d’une étude agronomique et d’un suivi scientifique en partenariat avec l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV). Le viticulteur du Var, Gautier Hugues, a d’ailleurs souhaité installer la solution sur une autre parcelle de 2000 m² de vignes plantées cette année. Dans ces deux cas, des installations photovoltaïques de 30 kWc et de 60 kWc ont été installées.

Rapprochement avec des énergéticiens

« On croit très fort à la possibilité d’avoir du photovoltaïque sur des terrains agricoles, mais uniquement dans certains cas de figure et selon certaines conditions. Et les conditions sur lesquelles on est vraiment vigilant, c´est le pilotage, à savoir quand ouvrir ou fermer le système, ce que nous sommes les seuls à savoir faire actuellement », précise Julie Davico-Pahin. Du fait de son positionnement sur le pilotage, l’intelligence artificielle et l’agronomie, la société est régulièrement contactée par des énergéticiens pour mettre au point des partenariats d’une part et sollicitée par les clients d’autre part pour mettre du photovoltaïque « parce qu’ils ont confiance dans notre approche ». À ce jour, un rapprochement avec Quadran a été annoncé, mais elle n’a voulu dévoiler aucun détail.

Ombréa ne souhaite pas se spécialiser dans le solaire. Au contraire, la société, qui connait une croissance exponentielle, va accentuer son développement autour de deux axes l’année prochaine : accélérer la commercialisation du produit et renforcer la R&D. « Nous avons des budgets conséquents en R&D, pour développer des outils complémentaires à nos ombrières afin de répondre à des problématiques ciblées, telles que la récupération des eaux de pluies ou les filets anti-grêle », conclut Julie Davico-Pahin.

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