Le programme du Rassemblement national pour les législatives inquiète le secteur du solaire et des EnR

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Inutile de chercher les mots “solaire”, “photovoltaïque” ou même “renouvelables” dans le programme du Rassemblement national (RN) pour les législatives, ils n’y sont pas. Sur l’énergie, le document de 12 pages présenté lundi 24 juin se contente d’indiquer que le parti d’extrême droite veut, sans surprise, sortir des règles européennes de fixation des prix de l’énergie « qui affaiblissent la compétitivité de la France », lancer le plan Marie Curie de relance du nucléaire (EPR, SMR, réacteurs à neutrons rapides) et « protéger les barrages hydroélectriques de la mise en concurrence voulue par Bruxelles ». En somme, pour le RN, les technologies vertes se résument officiellement à l’hydrogène, à l’hydroélectricité et à la géothermie.

La conférence de presse de Jordan Bardella, président de la formation, a permis d’en savoir un peu plus sur le sort réservé à l’éolien et au photovoltaïque, que le RN – on le sait – ne porte pas dans son coeur en raison de leur « intermittence » et de leur « impact sur les paysages ». Jordan Bardella a ainsi annoncé « un moratoire sur toute nouvelle construction de chantier éolien ». Sans évoquer toutefois la déconstruction des parcs existants qui était jusqu’à présent demandée par son parti.

Le moratoire sur le solaire a disparu

S’agissant de l’énergie solaire, rappelons que lors de la campagne pour l’élection présidentielle de 2022, Marine Le Pen avait annoncé la tenue d’« un moratoire ». Deux ans plus tard, la proposition a disparu et le parti entretient le flou en faisant totalement l’impasse sur les objectifs chiffrés de développement de la filière. On sait toutefois que la RN veut soumettre « tout subventionnement à la structuration d’une véritable filière française ou, a minima, européenne en la protégeant avec des droits de douane au niveau européen ». Une notion assez vague. Plus généralement, le groupe souhaite que « le déploiement des nouveaux projets d’énergies renouvelables fasse l’objet d’une nouvelle stratégie territorialisée » en associant plus largement les citoyens et élus locaux. Il est donc, à ce stade, totalement impossible de savoir de ce qu’il adviendra des tarifs d’achat, de la future Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) ou encore du Pacte Solaire avec son Induscore annoncé par Bruno Le Maire.

De fait, la filière des renouvelables se mobilise et rappelle que toutes les énergies sont indispensables. « Toutes ne répondent pas au même pas de temps, ni au même coût de production, ni aux mêmes usages, indique les représentants du Syndicat des énergies renouvelables (SER). La trajectoire à suivre ne peut pas se contenter d’attendre la mise en service du nouveau nucléaire d’ici 2040, car il nous faut plus d’électricité tout de suite ».

Pédagogie et lutte contre les idées reçues

Mieux, en rapatriant une production énergétique jusqu’ici majoritairement importée (charbon, pétrole et gaz), le syndicat met en avant la création d’emplois et de valeurs : « à lui seul, le secteur des énergies renouvelables représente 150 000 emplois et un chiffre d’affaires de 39 milliards d’euros. Entre 2000 et 2019, le développement des énergies renouvelables a permis d’éviter l’importation de 910 millions de barils de pétrole et a permis de réduire de 40 milliards d’euros la facture énergétique française. Ce sont aussi grâce aux revenus générés par les énergies renouvelables que nous avons pu, au pire moment de la crise énergétique de 2022, financer une partie conséquente du bouclier tarifaire qui a protégé le pouvoir d’achat de tant de ménages ».

En tout, Enedis recense actuellement 891 383 installations PV raccordées sur son réseau Enedis, et le million sera dépassé en 2024. « Rien que sur 2023, 200 000 installations PV ont été raccordées en France et c’est autant d’économie insufflée  pour des dizaines de milliers d’artisans et de PME, mais aussi pour les particuliers qui voient leur facture énergétique baisser ou pour des agriculteurs dont les revenus augmentent grâce au PV… Je trouve dommage que les énergies renouvelables soient réduites à un punching-ball électoral et ne soit vues que sous le biais de l’écologie punitive. Alors que la transition écologique et énergétique est une belle opportunité économique pour tous », martèle à pv magazine France Xavier Daval, vice-président du SER et président de la commission solaire.

Beaucoup de retard dans les textes législatifs

Quelle que soit l’issue de l’élection et la couleur politique de la future majorité après le 7 juillet, les acteurs du PV regrettent aussi les retards pris dans l’adoption des textes de loi et la publication des cahiers des charges des futurs appels d’offres. « Nous attendions le S24 et les modifications sur le S21 pour le mois de juillet, tout est aujourd’hui en attente », regrette Xavier Daval. « Pour l’heure, les cabinets ministériaux ont cessé tous leurs travaux sur ces sujets », confirme Jérémy Simon, délégué général adjoint du SER. Par ailleurs, concernant la mise en place de l’Induscore, permettant d’étiqueter les panneaux solaires en fonction du nombre d’étapes réalisées en Europe, l’Ademe poursuivrait simplement ses travaux techniques de mise en place des paramètres, en attendant une nouvelle impulsion politique. Enfin, si aucun développeur solaire ou IPP français ou étranger, n’a annoncé de gel de ses projets en raison de cette instabilité, certains évoqueraient toutefois un coup de frein sur les recrutements, en raison du manque de visibilité.

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